C'est en mars 1961 que Jaguar dévoile au monde entier la Jaguar E. Et tout le monde crie au miracle : ce coupé est alors considéré comme un chef d'œuvre et, près de cinquante ans plus tard, le charme opère toujours. Livrée à l'époque avec un moteur six cylindres de 3,8 litres extrapolé de sa devancière, la XK150, elle est non seulement magnifique, mais en plus, elle est bon marché : moitié moins qu'une Mercedes 300 SL, et encore moins qu'une Aston Martin DB4 (celle-ci étant en partie fabriquée à la main, ce qui explique cela)! Son succès est instantané : tout ce que le monde compte de stars et de "people" en veut une, et notamment aux Etats-Unis où elle fera un malheur jusqu'à la fin de sa production (83% des Type E traverseront l'Atlantique). Le succès aidant, Jaguar sort une deuxième série en 1968, puis immédiatement après (1970) une troisième série. La brève carrière de la série 2 s'explique par le fait que les USA ont entrepris, sous la pression de Ralph Nader, une politique de sécurisation des voitures des plus drastiques : les passagers doivent être mieux protégés mais, paradoxalement, la puissance des voitures n'est pas revue à la baisse, bien au contraire. Donc, Jaguar sort la série 3 que certains trouvent un peu plus pataude (mais tout est relatif) tandis que d'autres lui trouvent une gueule d'enfer qui lui donne un air agressif que les premières n'avaient pas. C'est sous cette forme que la Côte Ouest va littéralement être submergée par ces Type E : toutes les stars d'Hollywood en possèdent au moins une dans leur garage, les dames paradent à leur volant sur les drèves de Malibu, et les badauds les regardent avec une envie non dissimulée. C'est sous cette forme qu'elle cédera la place la la XJS, en 1975.
En tout, 43 800 exemplaires de la Jag Type E 1ère série furent écoulés, tous modèles confondus, ce qui est énorme pour une voiture de ce type.