Historique. Lorsque la société Michelin prit le contrôle de Citroën, alors en grande difficulté, elle décida de se lancer dans un projet assez similaire à celui qui fut imposé à Ferdinand Porsche pour créer ce qui allait devenir la Volkswagen. Pourtant, il semblerait que les Français, à cette époque précise, ignoraient tout des projets allemands, ce qui sera faux par la suite, nous allons le voir plus bas. Les ingénieurs se lancèrent donc dans ce qui portait le nom de code TPV (tout petit véhicule). Ils avaient pour consigne de développer une voiture peu onéreuse mais pouvant emmener une petite famille en voyage (nous ne sommes pas loin des congés payés). Pour être certains d'arriver au but fixé, une enquête fut réalisée auprès de milliers de clients potentiels pour mener à bien l'entreprise. Il en revint les statistiques suivantes : il fallait une petite voiture avec quatre places assises, pouvant emmener 50 kilos de bagages, à la traction avant (technique à laquelle s'était spécialisée Citroën), pouvant rouler au moins à 60 km/h, disposant de trois vitesses et consommant en moyenne trois litres aux cent. Tout le monde retroussa ses manches et participa à l'aventure. Un premier prototype sortit de l'usine en 1939 : elle était en tôle ondulée, avait une cylindrée de 375 cm³ animée par deux cylindres. Et à la fin de l'année, 250 voitures furent assemblées à l'usine de Levallois-Perret. Hélas, la seconde guerre mondiale mit fin à cette sympathique idée, et personne à ce moment ne crut à la viabilité d'une exécution future. Et pourtant! Au début de la guerre, les Allemands auraient demandé aux ingénieurs français de mettre l'usine à leur disposition en échange des plans de la Volkswagen. Il paraît aussi que le patron, Pierre Boulanger, aurait refusé cet échange. Toujours est-il que, dès 1946, le projet TPV renaît de ses cendres : cylindrée inchangée de 375 cm³, boîte de vitesses à trois rapports plus une surmultipliée, toit en toile, sièges rudimentaires en toile également, et autres solutions relevant parfois de la pingrerie (balai d'essuie-glaces unique actionné manuellement depuis le volant entre autres). Mais cela ne pèse pas lourd lorsque les Français découvrent une voiture à la tenue de route incroyable, au confort inconnu à l'époque, à l'entretien d'une facilité dérisoire. La deux chevaux est présentée officiellement au salon de l'automobile en 1948. Un seul moteur est disponible et, dans un souci d'économie, en une seule couleur! A partir de cette date commence l'aventure de l'une des voitures les plus mythiques de l'après guerre. Malgré le fait que les ventes démarrent assez lentement (les Français sont méfiants face à une telle nouveauté – on le serait à moins!), elles décollent pour partir de moins de 1000 unités en 1949 à 6200 en 1951, pour se terminer par 233000 en 1961. Démarre alors une épopée qui va mener la "deux pattes" (pour deux cylindres) jusqu'en 1990 (le 27 juillet pour être précis), période pendant laquelle plus de cinq millions d'exemplaires seront fabriqués, sans compter près de deux millions de Dyane et de Méharis. Ne parlons pas ici de l'évolution des moteurs et des entrailles de la bête : son aspect extérieur a lui été préservé et a fait partir intégrante du paysage automobile pendant plus de quarante ans. La deux chevaux qu'Oldtimerfarm vous propose se situe à environ la moitié de la production et ses caractéristiques sont les suivantes.
Carrosserie : longueur/largeur/hauteur (cm) : 378/148/160; empattement : 240 cm; poids : 560 kilos. Moteur : deux cylindres 602 cm³, traction avant, boîte de vitesses à quatre rapports, puissance : 29 chevaux à 5750 t/m. Vitesse maxi : 115 km/h.
En résumé : un chef d'œuvre de l'histoire de l'automobile, pleine de rebondissements, et qui permet aujourd'hui encore de goûter aux jois de la voiture découverte sans en payer le prix. Dépêchez-vous, elles deviennent rares en bon état.