Au début de l'année 1963, Giovanni Michelotti fut mandaté par Triumph pour dessiner une version GT de la Spitfire 4. Le « 4 » dans Spitfire 4 désigne le moteur 4-cylindres tout comme le « 6 » dans GT6 désigne un moteur six-cylindres. Une Spitfire 4 non modifiée fut apportée aux bureau d'études de Michelotti en Italie et à la fin de l'année 1963 le prototype Spitfire GT4 fut renvoyé en Angleterre pour validation. Le dessin du véhicule était un succès mais malheureusement la surcharge pondérale de la carrosserie GT entraînait des performances médiocres avec le bloc moteur 1 147 cm3 de la Spitfire. L'idée de produire la Spitfire GT4 fut donc abandonnée.
Cependant, le design fastback de Michelotti pour le prototype Spitfire GT4 fut adopté, pour la saison 1964, par le programme de Course de Triumph, car il procurait un meilleur aérodynamisme que la forme de base de la Spitfire. Des copies en fibre de verre de l'arrière profilé fastback de la Spitfire GT4 furent ainsi greffées sur les Spitfire préparées pour la compétition. Le programme de Course des Spitfire fut un succès en 1965 qui leur permit de grimper sur la première marche du podium dans leur catégorie lors des 24 Heures du Mans, battant ainsi leurs principales rivales les MG Midget.
Le succès en compétition des Spitfire ainsi que le succès commercial du véhicule de série conduisiren Triumph à réexaminer l'idée d'une version GT de la Spitfire. Pour s'affranchir du manque de performance inhérent au poids de la carrosserie, le 4-cylindres de la Spitfire fut remplacé par un moteur plus puissant : le 6-cylindres 2 litres de la Triumph Vitesse (qui partageait un châssis similaire à la Spitfire). La voiture fut finalement lancée sous le nom de Triumph GT6 (abandonnant le préfixe "Spitfire") en référence à son style de GT et à son moteur 6-cylindres.
Le marketing Triumph de l'époque présenta la GT6 comme étant développée à partir des Spitfire ayant gagné au Mans, pour profiter de leur ressemblance, alors que les Spitfire du Mans et les GT6 étaient en fait deux programmes de développement complètement séparés (le programme GT étant antérieur au programme de Course). Cependant cette astuce du marketing fut une telle réussite que bon nombre de personnes crut que les Spitfire du Mans étaient réellement des GT6.
La nouvelle voiture fut présentée en 1966 et appelée Triumph GT6. La nouvelle carrosserie avait un dessin fastback avec un hayon à l'arrière (ce qui a valu à la GT6 le surnom de « Type E du pauvre »). Elle n'avait que 2 sièges mais un petit siège arrière supplémentaire était disponible en option. L'air de famille avec la Spitfire Mk2 était marqué mais elles n'avaient quasiment aucun élément de carrosserie en commun; le moteur 6-cylindres plus long nécessitait un nouveau capot avec un renflement au niveau du moteur et les portes disposées de petites vitres arrières. Le moteur 6-cylindres était conçu pour développer 95ch et nécessitait certaines adaptations par rapport à la mécanique des Spitfire ; le radiateur était monté plus en avant et la boîte de vitesse plus robuste provenait de la Vitesse, avec un overdrive en option.
Les suspensions avant avaient été renforcées pour pallier le surpoids causé par le nouveau moteur. L'intérieur de la GT6 était bien équipé; la planche de bord en bois constellée de compteurs, les tapis et le chauffage étaient de série.
La GT6 avait quelques arguments de vente de poids. Le nouveau moteur permettait une vitesse de pointe de 171 km/h et un 0-100 km/h en 11.7 secondes, soit un peu mieux que la MGB GT. De plus, le bloc moteur était nettement plus doux et puissant que le 4-cylindres rugueux de la MGB GT. L'économie d'essence était très raisonnable pour l'époque et l'intérieur rappelait la compétition. La seule critique majeure avait trait à sa suspension arrière ; la GT6 avait en effet hérité de l'essieu à ressort transversal de la Spitfire, qui était lui-même copié sur la Herald. Triumph n'a rien fait pour améliorer le système sur la GT6, et la tendance au sous-virage n'était pas aidée par l'augmentation du poids à l'avant du véhicule.
La GT6 a prouvé qu'elle était une voiture de sport sage, vraiment plaisante, certainement dès le lancement de la Mk2. Malgré tout, elle ne s'est jamais vendue dans les proportions espérées par Triumph, et fut largement battue par sa concurrente la MGB. Cela reste une énigme; la Spitfire, au moteur plus petit, s'est mieux vendue que la MG Midget, mais ce succès fit de l'ombre à la GT6. Triumph a toujours refusé de produire une version cabriolet officielle de la GT6 (bien que de nombreux propriétaires réussirent à faire cette conversion), et cela peut avoir une part de responsabilité dans le relatif échec commercial de la GT6; la seule explication probable pour cela est la réticence de Triumph de faire de la concurrence à son roadster TR6, un best-seller aux États-Unis. Quelle qu'en soit la raison, la GT6 a été discrètement supprimée de la gamme Triumph à la fin de l'année 1973, avec seulement quelques véhicules vendus l'année d'après.
Données techniques
Carrosserie
Longueur (cm) : 368
Largeur (cm): 145
Hauteur (cm) : 119
Empattement (cm) : 211
Poids (kg) : 860
Mécanique
Moteur : 6 cylindres en ligne 1998 cc, à l'avant
Soupapes : 12
Carburation : 1 carburateur
Boîte de vitesses : manuelle à 4 rapports
Transmission : aux roues arrière
Puissance maximum : 95 chevaux (70 kW) à 5000 t/m
Couple maximum : 158 Nm à 3000 t/m
Vitesse maximum : 174 km/h