Avec la Sunbeam Alpine, le groupe Rootes atteignit l'objectif qu'il s'était fixé : réaliser un cabriolet sportif alliant le confort à l'efficacité. De plus, lors de sa sortie en 1959, elle avait un rapport qualité/prix pratiquement imbattable, ce qui lui assura un démarrage en fanfare, qui ne fut contesté que lors de l'apparition de la MGB trois ans plus tard.
En novembre 1959, et pour la première fois, l'usine, sous la conduite de l'ingénieur Norman Garrad, demande à la société Harrington de lui dessiner une Alpine suffisamment fluide et aérodynamique pour lui permettre, malgré son moteur un peu juste, de s'inscrire à différentes épreuves d'endurance. Deux Sunbeam sont donc préparées pour la compétition, d'abord en rallye, ensuite sur circuit. Ouvrons une parenthèse. Harrington Ltd était une société située dans les environs de Brighton, et qui carrossait différents véhicules, qui jadis avait habillé des voitures aussi prestigieuses que des Rolls µRoyce, des Bentley, voire des Bugattis. Après les hostilités, elle se lança dans la transformation des Sunbeam Alpine et des Triumph TR45. Les Alpine Harrington couraient dans la classe des moins de 1600 cc, mais affrontent un handicap de taille : elles ne sont pas habituées aux prouesses des stands, où d'autres équipes ont déjà un bagage de routine bien supérieur. Or, comme chacun sait, une épreuve d'endurance se gagne aussi dans les stands. Et là où par exemple les habituées MGA ne restent dans les paddocks qu'au maximum deux minutes, les équipes de l'Alpine en mettent six! C'est dire si lors de la première épreuve, les 12 heures de Sebring, elles ont un désavantage certain. Pourtant, Garrad se cramponne et dessine une voiture pour les 24 heures du Mans, course où elle s'est montrée pour la dernière fois… en 1925. : l'arrière est coupé, le toit est fuyant, et les phares sont carénés à la manière de l'Aston Martin DB4 GT. Et si l'Alpine classique tourne plus vite que l'Harrington, celle-ci se révèle plus régulière, au point de remporter l'indice de performance, au grand dam des écuries françaises qui avaient tout misé sur cette catégorie. D'une fiabilité exceptionnelle, elle s'est arrêtée, sur les 24 heures de la course, que neuf minutes en tout et pour tout, pour une distance de 3510 km à une moyenne de 91 mile (146 km/h). Devant l'engouement tout britannique que cette performance soulevait, il fut décidé que cette Sunbeam, dorénavant baptisée "Harrington le Mans", serait commercialisée. 400 exemplaires, dont 110 Le Mans, sortirent des usines de 1961 à 1964, dont celle qu'Oldtimerfarm est fier de vous présenter. 250 prirent le chemin des Etats-Unis. Et une Harrington court encore et toujours dans les courses d'Oldtimers dont les Anglais raffolent. Lors du fameux Goodwood Revival, elle a fini 10ème en absolu dans le Fordwather Trophy, qui comptait dans ses rangs des Cobra et Daytona. Excusez du peu : elle a d'ailleurs terminé la course juste devant… Stirling Moss himself.